Nous partons à la recherche de l’hôtel, les jambes engourdies par la journée dans le train, mais le sac rempli de conseils donnés par notre camarade de voyage. Il s’agit d’un hongrois qui travaille en Pologne, très gentil, il nous a fait une liste des villes à voir, des restaurants où s’asseoir et des vins à boire. Plus habitué que nous aux longues heures de trains entre Cracovie et Budapest, il s’organise en conséquence : « 2 litres de bières avec lui qu’il boit comme du petit lait dans un temps record, ce qui lui permet de s’endormir pour le reste du trajet. Bien joué ! ». L’organisation n’a pas été notre point fort pour rallier l’hôtel. La préparation trop matinale de notre arrivé s’est soldée par une erreur mémorable. Nos notes pour rejoindre notre destination étaient intéressantes si nous avions choisi comme point de départ la bonne gare. A tous ceux qui prétendent qu’on est plus efficace le matin, dorénavant, je répondrai catégoriquement : NON ! Mais malgré tout, grâce à la gentillesse des hongrois, nous finissons par arriver à bon port.
Contrairement à Cracovie, nous sommes agréablement surpris par l’hôtel, un lit deux places, une clim dans la chambre… Mais surtout un jacuzzi gratuit et ouvert jusqu’à 23h. C’est quelle heure ? Euh… pardon : Quelle heure est il ? 22h15 ! Enfile ton maillot, on va plonger un coup dans l’eau pour se détendre.
Le lendemain matin, j’ai encore l’esprit embrumé par les bulles du jacuzzi et les forces lasses. Il va falloir remettre rapidement la machine en route, car nous avons une longue et belle journée de marche devant nous. Ouverture des rideaux, surprise… Nous sommes éblouis par le soleil ! On croyait qu’il était mort le soleil, mais apparemment il nous attendait à Budapest. Et pour nous faire payer notre retard, il chauffe. Plus de 35°C, çà fait un choc après la pluie et le froid de Cracovie. D’ailleurs il crame tellement que… te revoilà… un mirage… non… c’est bien toi… ce n’est pas possible… Marjo… qu’est ce qu’on fait là… regarde… on est à Lyon !
Budapest est sublime, un « grand » Lyon, avec sa colline où règne la liberté. Au dessus de tout, nous survolons le Danube. Dans le cœur du château de la vieille ville, quartier sympathique et fort animé, nous dominons Pest & Buda. C’est sur nous sommes à Lyon, il y a des français partout… « Non mais allo quoi ? » entendu le 17 juillet 2013 dans les rues de Budapest. La ville est un véritable coup de cœur pour Marjo et moi, l’architecture de ces vieilles thermes donnent l’eau à la bouche, même les ponts, on ne peut plus banals qui relient chaque côté de la ville au dessus du fleuve s’intègrent à merveille dans le paysage.
Nous avalons des kilomètres et des kilomètres, le sourire aux lèvres, l’émerveillement aux coins des yeux, mais la réalité physique de nos corps nous rattrape… Nous avons faim ! Je soupçonne même qu’avaler les kilomètres creuse plus l’estomac que çà ne remplit le ventre. Nous mettons à profits les conseils de notre camarade de train, assis sur une terrasse, je commande une Palinka en apéritif. Il s’agit d’une liqueur, d’environ 50°, je suis surpris car en France nous avons plutôt l’habitude de prendre ce genre d’alcool en fin de repas. Contrairement à chez nous, les hongrois boivent la liqueur juste avant de manger, çà ouvre l’appétit ! (çà ne les empêche pas d’en boire aussi en digestif). Le problème avec cette prune, elle est tellement sucrée qu’elle se boit toute seule, attention au piège. Cette journée qui a réveillé en moi mes années lyonnaises me donnent envie de tester le « bœuf bourguignon » local. Une franche réussite, j’ai l’impression d’être assis à la table familiale mangeant un délicieux plat préparé par ma maman. Sur le chemin du retour pour l’hôtel, nous faisons la rencontre d’un petit hérisson, timide et craintif, nous le laissons finir sa nuit sous un arbre en espérant qu’il n’aura pas la folie de vouloir traverser la route.
Moi, quand je serai petit, le matin, je sauterai du lit ! Mais pour l’instant, moi, je suis grand, alors… le réveil ce n’est pas ma tasse de thé ! Je m’efforce quand même d’en prendre une, car si nous suivons le même rythme qu’hier, la journée risque d’être fatigante. Nous la passons à flâner dans les rues de Buda ou Pest, je n’ai jamais réussi à savoir quel quartier appartenait à quelle partie de la ville. Aujourd’hui, Budapest renforce l’impression de la veille, elle est sublime ! Malgré de nombreux lions qui surveillent et lorgnent sur sa chair tendre. Je croquerai bien un bout de ma vie ici, à méditer pour un futur encore loin… En attendant nous faisons la découverte de « SuperKebab » et « PaprikaSouvenirs ». Nous découvrons un nouveau sport, la danse sur ficelle, une sorte de gymnaste fait des acrobaties comme sur une poutre mais sur une ficelle tendu entre deux arbres. Impressionnant ! Nous sommes également surpris par l’ingéniosité des hongrois, quand nous apercevons une veille voiture, avec un papier collé sur la fenêtre entre ouverte, une boite à l’intérieur pour récupérer les dons des passants afin de maintenir en état son auto. Enfin, nous finissons l’après midi, dragué par un videur de club de gogo danseuse, nous lui donnons notre parole, nous repasserons le soir.
En attendant, après un énième jacuzzi, nous nous installons à la terrasse de l’hôtel avec une bouteille de vin rouge, un peu de charcuterie et quelques crudités. Les gens qui passent devant nous sourient, ils ne mettent pas longtemps à deviner que nous sommes français. Mais blague à part, nous avons donné des idées à plus d’un couple qui viennent nous rejoindre sur la terrasse. Après quelques conversations profondes (certainement le vin rouge qui nous aident à imaginer un monde qui bouge), nous mettons les voiles en direction des danseuses qui n’en portent pas. La soirée s’achève sur une foule de question, pourquoi ses seins ne bougent jamais quand elles dansent ? Pourquoi viennent elles nous aborder avec toujours les mêmes questions formatées ? Pourquoi être si directe pour nous soutirer de l’argent ? La subtilité, le charme, la sensualité, et la séduction n’ont pas leur place dans ce lieu. On croirait voir la même vidéo tourner en boucle, je danse sur la barre, surprise-surprise, j’enlève mon haut, toujours… puis je danse encore un peu avant de venir voir le client pour lui demander s’il veut me payer quelque chose à boire. C’est tellement formaté et vulgaire que çà n’est pas excitant du tout. Dommage ! Contrairement à ses danseuses, la ville quant à elle garde tout son charme et sa beauté à la nuit tombée. Elle rayonne de mille feux !
Pour son dernier jour avant de repartir Marjo s’offre un petit plaisir, elle me torture le dos. Epilation au réveil ! Je me console avec le jacuzzi qui suit. Nous partons manger dans un petit bistrot local, où nous prenons le plat du jour pour moins de 3 euros : une soupe (toujours en Hongrie) et un plat à base de patate et saucisse avec beaucoup de paprika (toujours en Hongrie). Il n’avait pas menti notre camarade de train, pour qu’un plat soit considéré comme bon en Hongrie, il doit être rouge, ce qui signifie qu’il est plein de paprika ! Nous marchons encore de nombreux kilomètres pour rejoindre le parc au nord de la ville. J’ai très chaud, mais une averse aussi soudaine qu’imprévue vient nous rafraichir lors de notre arrivée. En tout cas, le parc confirme ce que j’ai pu apercevoir jusqu’à présent, les hongrois n’ont pas besoin de salle de musculation, ils font leur exercices dehors sous une chaleur étouffante. Je me demande encore combien de temps va tenir leur cœur avant de claquer. Avec Marjo nous préférons finir l’après midi chez les anciens joueurs d’échec du parc, çà sent le vieux, le temps est compté mais çà n’a pas de prix, ou plutôt si, 400 Forint (le temps d’une défaite avec le sourire).
Il est l’heure de raccompagner Marjo prendre son vol. Un dernier baiser volé avant les contrôleurs, puis je dois reprendre la route… seul. Pour me changer les idées, je m’amuse à peser mes sacs sur les balances de l’aéroport, 12,2kg sur le dos, 5,3kg sur le ventre, mais beaucoup plus dans mon cœur. C’est donc le cœur lourd que je vais affronter les transports en commun de Budapest. Il s’agit d’une escroquerie en bande organisée. Il faut payer un nouveau ticket à chaque changement de ligne de métro, à chaque bus, à chaque tramway, ce qui suivant votre trajet et le nombre de liaison peut s’avérer assez cher. Après avoir validé mon ticket dans le métro, je prends le bus, la contrôleuse m’arrête en me disant que mon billet n’est pas valide. Je fais semblant de ne pas comprendre et je lui réponds en français. Je lui montre les 60 minutes inscrites derrière mon ticket en lui expliquant que je viens juste de prendre le métro. Après ce dialogue de sourd et un grand sourire, elle me fait payer uniquement un ticket supplémentaire et pas une amende ! Merci, même si je pense toujours que c’est une arnaque.
Une autre chose m’a surpris en Hongrie, ici, les gens ne rendent pas la monnaie (990 forint = 1000 forint) où à l’inverse mais c’est plus rare, on paye moins que ce que l’on doit (1140 forint au lieu de 1143 à Lidl).
Pour mon avant dernier jour dans la ville, mes sacs déposés à l’hôtel, des courses au bout des bras, je passe déjà pour un local, je me fais arrêté deux fois en moins d’une heure pour des renseignements. Dont une fois par des françaises à l’accent si fort que je ne suis pas sur que çà prouve que mon anglais est en progression. Le soir en rentrant à l’hôtel, je rencontre deux faux jumeaux français… Mais j’oublie de les prendre en photo ! Défi manqué, désolé les jumelles !
Il me faut quelques temps pour reprendre mes habitudes de voyageur solitaire, me rappeler que la solitude n’est plus une maladie honteuse. Alors je file me réfugier dans le parc, avec les anciens, toujours les mêmes joueurs d’échecs, je rédige en paix, mon article sur la Pologne. Mais je dois vraiment avoir une tête de budapestois, car un couple vient me demander où ils peuvent assister à une messe. Moi qui ne met pas à l’église, drôle d’ironie. Malheureusement à Budapest, il y a toujours autant de miséreux et faiseurs de poubelles, même le jour du seigneur…
Budapest:
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