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Oyonnax… 26 plus tard… Cluj-Napoca !

// Avec le strict minimum sur le dos, à la sortie de l’auberge, nous sautons dans le premier taxi en lui demandant de rejouer une scène célèbre d’un film de Luc Besson. Non ! Non ! Pas à l’aéroport, seulement à la gare. Nous arrivons pile à temps pour prendre les deux derniers billets du train de nuit entre Bucarest et Cluj-Napoca. Pour une fois qu’ici la chance me sourit, je ne vais pas m’en plaindre. 

La chance… j’ai peut-être écrit un peu vite. En effet, en partant comme des voleurs, après une demi-heure de trajet, nos ventres crient déjà famine, quand à la bouteille d’eau, elle ne tiendra pas longtemps même en l’économisant. Je crains que la nuit soit interminable, surtout dans ce box inconfortable, plein à craquer où une dame aussi grosse que vulgaire hurle son mécontentement du gouvernement roumain à qui veut bien l’entendre. D’après Iuliana qui me fait office de traductrice, le système scolaire en prend pour son grade. Comment ont-ils osé faire redoubler son petit, pourtant si brillant. Le petit, pas si petit, du haut de ses seize années me fait de la peine. Il est complètement tenu en laisse par ce qui ressemble à « une mère juive de l’extrême ». Au milieu de la nuit, il ira jusqu’à réveiller sa maman, pour la prévenir, qu’il veut aller au toilette. Incroyable, inimaginable, Iualina et moi avons énormément de mal à nous retenir de rire. Mais il ne semble pas être le véritable responsable de la situation…

DSCN3605 [800x600modif]Pour me divertir, entre deux mots échangés avec ma guide, je me mets aux traditions locales. J’attrape une poussière de fleur que je glisse dans mon t-shirt. Paraît-il que çà porte bonheur. Une chose est sure, çà ne remplit pas le ventre… Mais… Deux jeunes frères voyageant seuls, assez pauvres et ayant reçu une éducation très strict d’après les dire de Iuliana, nous offrent leur bouteille quand ils descendent du train. Je ne sais pas comment les remercier, mon sourire et quelques mots bredouillés en roumain semblent leur suffire. Merci !

6h00 du matin, après une nouvelle nuit sans dormir mais qui ne fut pas aussi terrible que crainte, nous arrivons à la gare de Cluj-Napoca ! Iuliana n’oublie pas de me souhaiter mon anniversaire ! Pour fêter çà, nous allons acheter des croissants avant de dormir quelques heures chez elle. Au réveil, avec sa douceur habituelle, elle m’offre son dé à boire de Chine et me fait remarquer l’erreur sur mon carnet de bord, j’ai gribouillé 1987 au lieu de 2013… et si c’était un lapsus prémonitoire, comme une seconde naissance ?!

Je l’accompagne jusqu’à la gare routière, où j’en profite pour prendre un billet pour le lendemain en direction de Bucarest. Après quelques adieux émouvants, je m’en vais retrouver son copain qui m’héberge pour la nuit. Très souriant, il m’accueille comme un ami de longue date. Il me prépare des tartines « Nutella/beurre » avec une bougie en guise de gâteau d’anniversaire. Malgré un anglais sommaire ; malgré un revenu précaire qui l’oblige en échange de quelques billets à faire le cobaye pour des laboratoires pharmaceutiques, malgré un appartement insalubre dans la banlieue de Cluj, il fait tout ce qui est en son pouvoir pour que je me sente bien chez lui. Il va jusqu’à me faire un délicieux repas, et notamment des frites. Il y arrive à merveille, sans l’ombre d’un doute, je me sens comme à la maison. Après Alina, Lucia, Iuliana et tant d’autres, j’ai une nouvelle preuve avec Horatiu de la générosité du peuple roumain.

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En contre partie de tous ses efforts, je l’invite avec plaisir à boire une bière en ville. Une heure de marche plus tard, à la recherche d’un bar sympa, nous tombons sur Maria. Maria, Maria, pas celle que chantait Santana, non, celle qui m’avait promis qu’on se reverrait dans le train de nuit qui m’emmenait d’Hongrie en Roumanie (cf : De Translyvanie… en Roumanie ). J’en profite pour lui demander si c’est une diseuse de bonne aventure ? Elle me répond simplement qu’elle avait dit çà en étant certaine qu’on se retrouverait par la pensée à travers nos lectures respectives et simultanées aux quatre coins du monde. Sur cet instant littérature, nous décidons d’aller boire un verre tous ensemble, Horatiu, Maria, et tous leurs amis au Boulgakov Café, en l’honneur du célèbre écrivain de l’indescriptible roman, « Le Maître et Marguerite » (je conseille à ceux qui ont le courage, et l’esprit suffisamment tortueux de se lancer dans ce chef d’œuvre de la littérature russe).

Il est minuit, et dans cette calme nuit du mois d’août, où tous les étudiants sont partis se réfugier vers la mer noire, le propriétaire du bar, nous pousse gentiment dehors. En effet, à l’image de ses nombreux pubs aux prix très attractif, Cluj est une ville très animée en période scolaire : il s’agit d’une ville étudiante avec de nombreuses universités réputées dans le pays. Mais quand arrive l’été, les rues se vident pour laisser place à quelques touristes égarés.

Pour nous la nuit ne fait que commencer, alors nous achetons quelques bières dans un supermarché ouvert 24h/24h. Après plus de 45 minutes de marche en côte, nous arrivons au sommet du Belvédère de la ville. La vue est sublime, imprenable (surtout quand j’ai oublié mon appareil photo chez Horatiu… Grrrr !). Je me sens léger, presque en train de voler au sommet de la ville, et qu’importe s’il s’agit de la sagesse des années qui passent ou de l’excitation du voyage à travers de nouveaux horizons, je suis heureux et je compte bien en profiter !

Nous passons de longues minutes à échanger sur le quotidien des roumains, et je fais l’erreur de leur poser la question concernant les « roms ». Le sujet est sensible en France, mais il déclenche la haine et les foules en Roumanie. Je suis surpris de voir à quel point ils sont enragés contre cette partie de la population. Le froid et les moustiques mettent fin au débat, il est temps de retourner à l’abri. Une bouteille de vin récupéré en route, quelques éléments du groupe perdus sur le chemin, en comité restreint nous arrivons chez mon hôte, où Patti Smith prends l’espace sonore laissé vacant par les cœurs fatigués.

DSCN3644 [800x600modif]Nouveau réveil avec des maux de têtes, les vingt six ans commencent à se faire sentir, il va falloir que je calme le rythme, deux « cuites » en une semaine, apparemment çà n’est plus de mon âge ! Un doliprane plus tard, mon sac sur le dos, je pars visiter la ville sous un soleil de plomb en compagnie d’Horatiu. Bien que petite, de jour je lui trouve beaucoup plus de charme que la triste Bucarest. Sur les pavés de la vieille ville, une illusion… N’est ce pas Maria, là-bas ? Derrière une planche sur deux tréteaux, quelques livres touristiques en pagaille, elle est là, fatiguée par la nuit précédente. Une dernière accolade, cette fois, nous savons tous les deux qu’on ne se reverra pas de si tôt. Merci pour tout, bye ! C’est la partie la plus éreintante du voyage, tourner le dos aux belles rencontres… mais ainsi va là vie des solitaires en sac à dos.

N’ayant plus Iuliana pour me guider, j’arrive en avance à la gare routière. Je sais que je dois à attendre au perron 4. Je le trouve facilement, je me pose et regarde avec plaisir le cinéma de la vie. Une jeune dame aux joues creusées commence à me parler en roumain, j’essaye de lui faire comprendre que justement je ne la comprends pas. Comme si de rien n’était, peu importe si je fais attention à elle ou pas, elle continue d’aboyer sa rage. Après quelques minutes de ce spectacle dérangeant, elle se lève, et nettoie la chaise sur laquelle elle était assise pendant plus de dix minutes. Cà aura eu le mérite de la faire taire avant de s’en aller dans les contrées de la folie. Cà faisait longtemps que je n’avais pas croisé une folle, une vraie comme on en fait peu… Heureusement !

DSCN3600 [800x600modif]Je m’amuse de voir le chauffeur qui vient d’arriver, se descendre une bière dans les soutes vides de son bus. Le temps tourne au point de ne plus du tout me faire rire, je dois partir dans 5 minutes, et personne ne s’inquiète de l’absence de notre car. Après quelques filles qui me tournent la tête quand je vais à la pêche aux informations, j’apprends que je ne suis pas au bon endroit, c’est bien au perron 4 mais la partie opposé de la gare. Le sac sur le dos, je cours comme un dératé pendant 500m, le bus démarre, j’ai le temps de sauter dedans ! OUFF !!!

Le bus semble confortable, et pas très rempli, tant mieux car j’en ai pour une dizaine d’heures à être assis là dedans. Je m’allonge sur deux sièges, les écouteurs dans les oreilles, je m’endors… Jusqu’à ce qu’une personne âgée pour rester poli vienne me réveiller. Apparemment ce siège est le sien. Pourquoi ?! Le bus est à moitié à vide. De plus, il ne me rassure pas du tout, après le chauffeur qui se vide une bière en moins de temps qu’il ne faut pour le dire à la gare, lui n’arrête pas de prier et de se signer. On dirait Sheldon Cooper d’un autre temps, une autre époque… mais çà doit être son spot !

Je fini par me réfugier à l’arrière du bus, et voilà qu’à l’arrêt suivant, la scène recommence avec une religieuse. Elle me fait comprendre que je suis assis à sa place (le bus est toujours à moitié vide) et se signe à chaque démarrage du bus… Je suis fatigué, ce jeu m’exaspère… pas superstitieux pour un sou, j’en arrive presque à croire qu’ils vont nous porter la poisse !

 // Rassurez vous, malgré les nombreux virages, les prières ont une raison du diable. Après avoir ravaler ma langue de vipère, je suis arrivé à Bucarest, reposé, souriant, prêt pour continuer à vous faire partager de belles aventures !

Cluj-Napoca:

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Lundi, septembre 23rd, 2013
Filed under:
Roumanie.
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4 Comments to “Oyonnax… 26 plus tard… Cluj-Napoca !”

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@Ingrid: Salut Ingrid! Çà fait plaisir de voir que tu n’oublies pas ton dictateur préféré! J’ai dailleurs récupérer un chapeau du plus bel effet au Népal. Ma panoplie du parfait Dictateur s’agrandit de jour en jour! Quant à mes chaussures, elles viennent de subir leur premier vrai test, 8 jours de trek sous la pluie dans les montagnes himalayennes, verdict: Impeccable! Pas une ampoule, juste les cuisses et les mollets qui ont cramés sévère! Je te souhaite plein de réussite dans tes études (c’est comme çà qu’on dit maintenant?!)
Bises et à bientôt ;-)

octobre 6th, 2013
Kassé

Juste un petit coucou Général !! J’espère que tout va bien, que le moral est au beau fixe et que tes chaussures sont solides. Je penses souvent à toi cher tyran, même si je n’appartiens plus au service marketing que tu adulais tant ;)
Bisous

septembre 27th, 2013
Ingrid

@audrey (zobette): Merci Zobette! Bisous ;-)

septembre 24th, 2013
Kassé

Happy birthday KC :)
Plein de bisous

septembre 24th, 2013
audrey (zobette)
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