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Egri Bikaver !

// Il est 10 heures, je dois rendre la chambre de l’auberge, rien n’est prêt ! Je range mon sac à la va-vite, j’espère n’avoir rien perdu… Il est temps de rejoindre Eger. Il s’agit d’une petite ville conseillée par notre camarade de train entre Cracovie et Budapest. Elle se trouve sur la route pour aller en Roumanie, ma prochaine destination.

DSCN3123 [800x600modif]Eger est réputé pour son vin, « Egri Bikaver », littéralement sang de taureau ! La légende raconte que les soldats hongrois en buvaient pour défendre la ville contre les armées ennemies. Il ne faut donc pas s’étonner qu’aujourd’hui la ville attire des touristes pour son héritage. Les traces laissées par les différents empires qui ont marchés sur Eger sont encore visibles. Il y a par exemple un minaret de l’époque où les ottomans régnaient sur la cité.

Mais avant de me balader dans les rues de la ville, je dois rejoindre mon auberge. On me promet une vue splendide. Qui dit belle vue, dit sommet, et pour l’instant, je galère à grimper avec mes deux sacs et cette chaleur écrasante ! Sans plan, je demande aux hongrois de m’indiquer le chemin, ce qu’ils font avec une extrême gentillesse ou compassion pour mon corps dégoulinant, je ne sais pas. Je suis accueilli par la réceptionniste de l’hôtel avec une bonne surprise, je paye ma chambre deux fois moins cher que prévu ! De plus, je me retrouve tout seul, au calme, dans une chambre normalement prévue pour trois personnes. Et comme promis, depuis ma fenêtre, je domine la ville. Parfait !

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Après une bonne douche, je profite des derniers rayons de soleil pour aller me promener dans les ruelles « inanimées » de la ville. Eger, me rappelle étrangement Torun. Parce que nous sommes lundi et que tout est fermé ? Non, surtout pour ses rues pavées et piétonnes, sa douceur de vivre en cette fin d’après midi ensoleillée. On sent l’histoire forte de la ville qui suinte à travers ses nombreuses pierres mortes. Ca n’est donc pas anodin que la ville soit principalement visitée par des personnes âgées.

De retour à l’auberge, je fais la connaissance de quelques serbes avec qui je sympathise. En fait, ils sont une cinquantaine, tous des mathématiciens ou presque. Ils sont à Eger dans le cadre du « Summer school ». Ils viennent découvrir de nouvelles manières d’aborder les mathématiques dans un autre pays. Mais ils ont surtout le sang chaud et une terrible envie de faire la fête, alors ils demanderont une pièce vide au réceptionniste afin qu’ils puissent s’amuser. Me voilà, engagé avec eux à essayer d’aménager la pièce laissée à notre disposition. Ils dévaliseront la petite épicerie du coin en achetant de l’alcool pour tout un régiment pendant que nous essayons de mettre de la musique. Mais sans haut parleur, impossible d’entendre quoi que ce soit. Pas grave, aux flots de la bière et du vin, ils se mettent à entonner des classiques de la musique serbe pendant toute la nuit. Tous en chœur, plus rien ne peut les arrêter. Quant à moi, je fais la connaissance de la belle Mylena. Il s’agit d’une française (originaire de l’Ain) qui est partie finir ses études en Serbie. Je n’ai jamais rencontré une personne, qui éprouve une telle haine. Chaque mot qu’elle peut prononcer, même le plus banal et marqué du sceau de la colère. Elle ne veut plus revenir en France et garde un très mauvais souvenir de son année en école de commerce à Lyon. Et lorsque nous abordons son ressenti par rapport à l’histoire de l’ex-Yougoslavie, c’est un torrent d’aigreur et de racisme qui sort de sa bouche. Les bosniens ne sont que des moins que rien. Elle me racontera comment deux d’entre eux, lors d’une virée quelconque ont abattu son cousin dans la rue. Sans motif, si ce n’est qu’il était serbe. Je me demande comment vont s’arranger les relations entre ces pays quand on voit que même les jeunesses qui n’ont pas connu la guerre, éprouvent une haine féroce envers leur voisin. Dans une comparaison toute relative, c’est comme si mes parents en voulaient aux allemands de leur génération de ce que leurs aïeux ont fait.

003  (1) [800x600modif]Après cette longue nuit de fête, je me réveille en fin de matinée avec un gout amer en bouche. J’ai encore manqué mon défi de prendre une photo avec une jolie rousse. Et dieu sait qu’il y en avait à la soirée de la veille. Vais-je réussir à accomplir ma longue liste de défi ? Après avoir loupé les jumeaux, je manque les jolies rousses… Il va falloir que je me ressaisisse et embarque en permanence avec moi l’appareil photo !

La tête encore mal réveillée, je décide de faire un tour des moyens de transport pour rejoindre Debrecen. Et surprise, le train est moins cher que le bus en Hongrie ! Suis-je encore sous l’effet de l’alcool ? Je demande confirmation, et oui, le train est moins cher que le bus, j’opte donc pour celui-ci que je prendrai le lendemain. J’en profite pour jeter un œil à « mon budget voyage », ce qui me permet de constater que je suis toujours en dessous des objectifs que je m’étais fixés : voyager tout compris (transport /logement /nourritures /activités) pour moins de 30 euros par jour.

DSCN3037 [800x600modif]Après avoir croisé, Francis Cabrel ou plutôt sa statue dans les rues d’Eger, troublé, je me coupe le doigt en mangeant de la charcuterie. Çà n’arrête pas de saigner. Maudit Préviscan ! Je retourne à l’hôtel pour obtenir un bandage de meilleure qualité que mon simple mouchoir enroulé autour de la blessure. C’est avec une certaine fragilité que la réceptionniste me donne ce qu’il faut pour me soigner. Elle est déstabilisée par la vue du sang. Marica arrive à ce moment, il s’agit d’une professeure de mathématique serbe avec qui j’ai discuté la veille. Et voilà que le sang nous lance sur une longue conversation entre mon cœur et la réalité de la vie en Serbie. Elle est vraiment sympa, et semble être la parfaite opposition de Mylèna. Malgré ses cheveux rasés qu’elle garde très court pour montrer qu’en Serbie les femmes sont libres de faire ce qu’elles veulent même si çà n’est pas facile tous les jours, elle est la gentillesse par excellente. J’apprendrai par ailleurs que le salaire moyen d’un professeur est de 400 euros par mois et que le coût d’un paquet de cigarette est de 1,5 euros. La Serbie est en Europe, mais c’est déjà un saut dans un autre monde. Et comme tous les autres serbes, elle m’invitera à venir découvrir son pays et notamment Belgrade. (Une autre fois c’est certain, je le garde dans un coin de mon esprit !)

Le lendemain, c’est la panique ! Je n’arrive pas à mettre la main sur mes papiers. Je cours dans tous les sens, je ne sais plus où donner de la tête, par maladresse j’arrache mon bandage au doigt, ce qui provoque une nouvelle hémorragie. Çà saigne encore plus que la veille, il faudrait que je pense à faire un test d’INR, mais en m’asseyant pour finir mon pansement au calme, la lumière est venue. Eurêka ! Mes papiers sont dans la poche intérieure de mon sac à dos et le sang arrête de couler.

DSCN3160 [800x600modif]Avant de prendre le train, je décide de visiter le château d’Eger et de goûter le pain enrobé de vanille qu’ils vendent dans la rue. Il est tellement appétissant que c’est un supplice d’y résister, cependant une fois en bouche, il n’est pas aussi bon qu’il en a l’air. Un pain pas assez cuit, avec trop de sucre vanillé, il devient vite écœurant. Me voilà devant l’entrée du château, ma carte d’identité à la main pour demander le tarif réduit, je profite des derniers jours avant mon vingt-sixième anniversaire pour faire quelques économies. La dame au guichet ne me comprend pas, mais en échange elle me donne un ticket d’entrée complètement gratuit. Çà a parfois du bon les incompréhensions ! Köszönöm ! Quant au château, je suis bien heureux de ne pas avoir payé pour voir çà. Il s’agit surtout des ruines d’une forteresse où règnent les pigeons !

Il est temps de me rendre à Debrecen. Le changement de train à la gare de Fuzabony n’est pas facile (pas de tableau électronique, uniquement des feuilles volantes accrochées sur les murs), surtout que les minutes sont comptées pour effectuer la liaison, je m’en sors à quelques secondes près. Ouf !

// Son vin,  ses vieilles pierres et son château…Ah Eger! Mais cette ville restera surtout pour moi… le chef lieu des serbes en Hongrie. Maintenant, cap sur Debrecen, où m’attend Katalin mon hôte pour les trois prochains jours… Mais ceci est une autre histoire à suivre très prochainement… A bientôt pour de nouvelles aventures !

Eger:

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Mardi, août 20th, 2013
Filed under:
Hongrie.
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4 Comments to “Egri Bikaver !”

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philippe: Salut Philippe ! Je suis ravi de voir que tu continues de suivre mes aventures. J’enverrai personnellement un mail à Raphaëlle pour que la carte arrive jusqu’à toi! A bientôt…

septembre 4th, 2013
Kassé

salut ,

je suis toujours présent pour suivre ton aventure , le camarade DIDIER ta mis au courant de la reprise du travail , j’ espère que nous pourrons lire ta carte a l’ atelier , a +et continu à nous faire réver …

septembre 2nd, 2013
philippe

@HOMINAL Didier: Coucou HD!
Heureux d’avoir de tes nouvelles, et de voir que tu suis encore avec plaisir mes aventures.
En ce qui concerne l’écriture pas toujours facile de trouver le temps pour écrire « convenablement » dans ce mouvement perpétuel. Et sur certains articles, quand je les relis après coup, je peux sentir la fatigue qui m’animait au moment de les rédiger.
Mais en tout cas, je ne suis absolument pas lassé de ce voyage, ni de faire partager ce que je découvre… Alors accroche toi car çà n’est pas encore fini ! ;-)
J’ai envoyé une petite carte postale aux meilleurs de Poralu, j’espère et je souhaite qu’elle parvienne jusqu’à ton bureau!
Je suis actuellement à Istanbul avant de mettre les voiles pour le Népal mi-septembre, problème de visa, pas de Chine pour moi !
A très bientôt.
PS: Courage pour la rentrée!

août 25th, 2013
Kassé

Hello Kassé,

Tu dois le lire ou l’entendre souvant j’imagine mais je te l’écris encore une fois: merci pour tes reportages, les photos sur surtout ta plume. Tu me fais sourire, rêver aussi.
Pour nous les vacances sont finies, le rythme de folie reprend dès demain 6h00…et pour y échapper un peu je penserais à toi sur le trajet vers Poralu….
Dans les dernières choses que j’ai lu, tu te trouverais en Turquie, j’ai hâte de te lire.
Profite de tout, et continu bien…
MERCI!
Didier (H)

août 25th, 2013
HOMINAL Didier
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